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Comité d’investissement de mars 2016

« Les marchés jouent à se faire peur en se remémorant le scénario de 2008 »

La situation du début d’année a été complexe sur l’ensemble des marchés, et souvent difficile à décoder par les épargnants. Ainsi, en quelques mois, nous sommes passés d’une situation favorable : embellie boursière, hausse des taux de la Fed signalant la fin prochaine de la récession économique, à une situation défavorable ou l’ensemble des marchés décroche dans un contexte de grande volatilité.

En ce début d’année, et malgré ces tumultes, nous n’observons pas d’éléments nouveaux permettant de faire évoluer drastiquement notre analyse macroéconomique. Pourtant les indices boursiers mondiaux ont connu une forte baisse, à l’image de l’indice phare de la place parisienne qui a chuté de près de 16% en l’espace d’un peu plus d’un mois ou encore 10% pour l’indice Américain.

Nous identifions trois principales sources d’inquiétudes : les craintes persistantes sur l’économie chinoise, la remise en cause de la solidité des banques, et la baisse massive du pétrole.

Le ralentissement de l’économie chinoise est une réalité : les indicateurs sont tous en cours de stabilisation, et certaines fragilités structurelles se développent : surendettement des entreprises, créances douteuses bancaires, soutien systématique de l’état aux entreprises et aux collectivités locales. Cependant ces informations sont normalement reflétées dans les cours boursiers depuis l’été dernier, qui marqua la prise de conscience de l’essoufflement chinois. Ainsi, nous restons à l’écart des marchés boursiers chinois dans notre allocation.

Le bilan des banques a attiré l’attention des investisseurs ces dernières semaines, comme l’illustre l’exemple de Deutsche Bank qui a dû rassurer les marchés à plusieurs reprises, notamment par l’entremise du ministre des finances allemand. L’inquiétude porte notamment sur le niveau de capitalisation des banques dans le cadre des accords Bâle 3. La nouvelle réglementation bancaire, bien qu’imparfaite, impose cependant des conditions beaucoup plus draconiennes qu’avant la crise, le niveau de capital requis ayant pratiquement doublé. Il semble donc difficile d’établir un parallèle entre la situation actuelle et celle de 2008. Aux Etats-Unis, la solidité des banques a été remise en cause du fait des incertitudes à leurs expositions  vis-à-vis du secteur pétrolier. Les taux bas actuels nuisent également à la rentabilité des activités bancaires traditionnelles.

En effet, la baisse du baril de pétrole, qui a été amplifiée par l’augmentation structurelle de l’offre de pétrole, de gaz de schiste, et le retour de l’Iran sur le marché, a été source d’anxiété de manière globale. Cette baisse des cours fragilise essentiellement deux types d’acteurs : les fonds souverains des états pétroliers, et les entreprises productrices de pétrole. Il est cependant important de noter que les réserves des états pétroliers sont considérables. Ainsi, il ressort que les Emirats Arabes Unis dispose de 319 années de couverture budgétaire, la Norvège 38, seule l’Arabie Saoudite avec son déficit budgétaire de 87md$ dispose d’un ratio plus faible (8 ans). Les banques pourraient cependant subir des pertes sur leurs expositions au secteur de l’énergie, notamment aux Etats-Unis ou elles ont financé les opérations de « fracking » pour extraire le pétrole de schiste. Le risque systémique est toutefois cantonné : alors que la dette liée à l’immobilier représentait 70% du PIB américain en 2007, les prêts au secteur pétrolier ne représentent actuellement que 3%.

 Il est également important de se rappeler que la baisse du prix du pétrole demeure une excellente nouvelle, car elle signifie un pouvoir d’achat supplémentaire pour l’ensemble des économies non-pétrolières, aussi bien pour les entreprises que pour les ménages.

Nous saluons également la hausse du PIB européen, qui confirme le rebond de la croissance économique de la zone euro et d’excellents résultats d’entreprises (Schneider, Renault ou encore Orange). Même si ce mouvement est encore timide, il s’agit d’une excellente dynamique et compte tenu de la situation macroéconomique(1) nous pourrions avoir de très belles surprises concernant l'amélioration du niveau de marges des sociétés européennes.

Dans ce contexte, nous considérons que la prime de risque demandée par les marchés est excessive et la récente baisse permet d’établir un excellent point d’entrée sur les marchés

Enfin, il ne faut pas oublier que nous restons dans une période ou le rendement sans risque n’existe plus. Les rendements des obligations d’états se situent à des plus bas historiques, ainsi 26 % d’entre elles affichent un rendement négatif (2). Par conséquent, les investisseurs perdent de l’argent s’ils investissent aujourd’hui en conservant jusqu’à l’échéance. C’est pourquoi, les investissements réalisés par nos clients ont une part de risque qui nécessite une durée d’investissement.

(1) Pétrole, change et taux.

(2) 64 % des obligations d’État internationales dégagent un rendement inferieur à 1 %.