Les cookies assurent le bon fonctionnement du site. En utilisant ce dernier, vous acceptez l'utilisation des cookies.

Comité d’investissement de mars 2021

« Faut-il craindre le retour de l’inflation ? »

 

Le risque inflationniste refait surface et devient l’un des principaux sujets évoqués par les analystes financiers en ce début d’année. Le retour de l’inflation signifierait une hausse généralisée et durable des prix à la consommation. Cette situation est en général déstabilisatrice pour l’économie car elle conduit à de fortes distorsions : transfert de valeur des prêteurs vers les emprunteurs, des secteurs aux prix rigides vers ceux pouvant facilement ajuster les prix, etc ... La politique de la Banque Centrale Européenne (BCE) vise un taux d’inflation proche de 2%, synonyme d’une économie saine avec comme objectif d’éviter le risque de sur-inflation mais aussi de déflation, qui est la baisse généralisée et durable des prix à la consommation, et décourage l’investissement et la consommation. Cet objectif de 2% permet également un allégement progressif du poids de la dette publique. En effet, cette dernière n’est pas indexée à l’inflation car, étant principalement à taux fixe, si les prix augmentent, les rentrées fiscales de l’État augmentent et la taille relative de la dette s’amoindrit (en supposant que cet effet ne soit pas compensé par un déficit budgétaire devenu hélas structurel).

 

La dernière semaine de février a été marquée par une chute des marchés boursiers internationaux et une hausse importante des rendements obligataires (le 10 ans US atteignant 1,6% jeudi 25 février). Cette situation provenient d’une crainte de surchauffe de l’économie américaine liée à la mise en place du plan de relance budgétaire Américain de 1 900 milliards USD au moment où le taux d’épargne aux États-Unis avoisine les 20% (contre 7-8% avant la crise) et les signes d’une reprise de l’économie sont de plus en plus forts, notamment du fait des perspectives d’une campagne de vaccination plus rapide qu’escomptée. 

 

L’inflation provenant de la hausse des cours des matières premières a un impact négatif sur les économies car elle n’est pas le résultat d’une économie dynamique mais correspond à une inflation « importée ». Les ménages subissent une baisse de leur pouvoir d’achat ce qui freine la consommation et l’investissement des entreprises et peut conduire au phénomène de « stagflation », la combinaison de stagnation économique et d’inflation. Bien que la dernière décennie ait été marquée par une faiblesse combinée de l’inflation et de la croissance économique, le retour de ce paradigme est régulièrement évoqué, notamment du fait des niveaux ambitieux de plans de relance dans un contexte monétaire très accommodant. Les pays qui ont retrouvé le chemin d’une croissance soutenue (tels que la Chine, les États-Unis ou encore l’Inde) devraient pouvoir affronter ce choc inflationniste sans trop de difficultés, mais les interrogations sont plus fortes pour les économies dont la croissance est plus molle, comme c’est le cas pour de nombreux pays Européens. 

 

Côté macroéconomie, les chiffres économiques des pays développés ont finalement montré une bonne résilience suite aux mesures de confinement en 2020 et également en ce début 2021. En effet, les observateurs s’accordent sur le fait que les mesures de confinement actuelles sont moins catastrophiques que prévu. Ainsi, le PIB du Royaume-Uni a progressé au T4 malgré le durcissement des restrictions. Cette résilience était observée dans les pays asiatiques et se manifeste maintenant au sein des économies occidentales. La diffusion rapide et généralisée des vaccins constitue un autre élément positif. Le déploiement a été particulièrement rapide aux États-Unis et au Royaume-Uni ou il pourrait y avoir 75% de la population vaccinée d’ici septembre.

 

En somme, le retour de l’inflation est d’une certaine manière une bonne nouvelle. La gestion attentive par les banques centrales de ce contexte sera cependant déterminante pour éviter tout dérapage. La diversification des portefeuilles sera la clef afin de gérer le risque inflationniste et les effets de transferts associés. Ainsi, la partie du portefeuille allouée à l’immobilier, notamment les bureaux, sera un moyen de se protéger contre le risque inflationniste en raison de son indexation sur l’indice de prix à la consommation. Une position en or et en matière première sera également un axe additionnel de diversification. De notre côté, nous estimons que l’ensemble des facteurs positifs montre que l’économie reste en début de cycle, même si elle avance rapidement dans cette phase d’expansion. Nous ne voyons pas de risque significatif de récession à court terme. De plus, les facteurs de relance budgétaire et de consommation des ménages (grâce à l’épargne constituée) pourraient provoquer une croissance supérieure aux anticipations.