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Comité d’investissement de mai 2016

«  Le pessimisme excessif du secteur bancaire pèse sur les actions de la zone euro »

L’incertitude demeure forte en ce début d’année, notamment sur les principaux sujets de la fin 2015 : le ralentissement de l’économie chinoise, le resserrement de la politique monétaire de la Fed et le niveau des prix des matières premières. Cette situation est source de forte volatilité : la nette baisse de janvier a été largement récupérée depuis, mais les marchés oscillent de nouveau depuis quelques semaines.

La situation semble cependant en cours de normalisation. Les nouvelles en provenance de la Chine rassurent : le PIB du premier trimestre a progressé de 6,7%, conformément aux attentes, tandis que la production industrielle est supérieure aux attentes (+6,8% contre 5,4% en février) et les ventes aux détails s’améliorent (+10,5%). De son côté, la Réserve Fédérale américaine (Fed) a clarifié sa position et ne mettra pas en œuvre l’important resserrement monétaire qu’elle indiquait au marché depuis l’été 2015.  Enfin, malgré l’échec de Doha, le prix du baril est plus haut qu’en début d’année et semble se stabiliser.

Le principal changement macro-économique est la nouvelle étape dans la politique de la BCE. Jeudi 10 mars, Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne a annoncé un ensemble de mesures très fortes et pour la plupart inattendues. Le principal taux directeur de la BCE est désormais fixé à 0% et le rythme de rachat d’actifs passe de 60 à 80 milliards d’euros par mois. L’objectif premier de M. Draghi est de hisser l’inflation à 2%.

La principale conséquence de cette annonce est le retour du taux sans risque sur ses plus bas. Ainsi, l’OAT 10 ans(1), offrait un rendement de 0.36% le 11 avril 2016. Cette situation n’est cependant pas historique, puisqu’il y a tout juste un an, ce même actif offrait 0,35%, tandis qu’en en juillet 2015, il grimpait jusqu’à 1,3%. Ainsi, la volatilité observée sur le marché actions est également présente sur le marché des taux. Dans cet environnement nous restons vigilants sur la « duration(2) » des obligations que nous détenons en portefeuille. Toutefois, il existe des opportunités que nous avions saisies dès janvier. Le début d’année est un très bon exemple de l’intérêt à porter aux marchés obligataires, nécessaires dans un environnement de forte volatilité.

Dans ce contexte, la zone euro a publié, vendredi 29 avril, son PIB pour le premier trimestre 2016, qui ressort a 0.6%, soit mieux qu’attendu. Cette performance n’a eu cependant que peu d’impact sur les marchés. Toutefois, il s’agit d’un point de franchissement important puisque le PIB réel de la zone euro dépasse le pic antérieur à la crise financière mondiale de 2008. De leur côté, les Etats-Unis ont franchi ce cap lors du troisième trimestre 2011, et le Royaume-Uni lors du second trimestre 2013.

Les dernières publications sont cependant encourageantes pour la zone euro : les indicateurs industriels tels que le PMI(3) ont bien résisté au ralentissement du secteur manufacturier mondial, l’emploi est en cours d’amélioration(4) et la croissance du crédit est saine. La politique monétaire ultra-accommodante de la BCE devrait également avoir un effet favorable sur l’économie de la zone euro. Par conséquent, la prévision de croissance 2016 de 1,6% nous semble atteignable.

Nous souhaitons également revenir sur les inquiétudes de début d’année concernant le risque systémique bancaire européen. L’économie européenne est en effet plus qu’ailleurs dépendante du secteur bancaire. Ainsi, en Europe, 80 % du financement des entreprises provient des banques alors qu’aux Etats Unis 70% de celui-ci est issu du marché obligataire. De plus, en 2015 les banques européennes ont contribué à hauteur de 55% à la croissance agrégée des bénéfices.  Les banques font face au défi des taux d’intérêts bas, qui limitent leur marge sur les activités de crédit. Cependant, la mise en place progressive des accords de Bale III devrait permettre un renforcement des bilans des banques européennes, et dissiper les craintes d’insolvabilité. Les banques devraient également bénéficier du regain de croissance économique. Enfin, le risque de défaut des banques italiennes s’éloigne grâce à un accord conduisant à la création d’un fonds de soutien de 5 milliards d’euros.

Dans ce contexte, le Cabinet Leduc & Associés estime que les prévisions actuelles des bénéfices des établissements financiers européens sont exagérément pessimistes du fait de l’amélioration de l’économie et de la dissipation des problématiques de solvabilité. Nous estimons qu’un retournement de tendance progressive devrait s’instaurer pour le secteur.

(1) l’emprunt d’Etat à 10 ans.

(2) la durée de vie moyenne de ses flux financiers pondérés par leur valeur actualisée.

(3) PMI : Purchasing Managers Indexes ou indices des directeurs d’achats.

(4) Le nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A a diminué de 60.000 en mars dernier, soit une baisse de 1,7%. Du jamais vu depuis avril 2006. Et même, en valeur absolue, depuis 2000.