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Comité d’investissement de septembre 2018

 

« Les inquiétudes sur la Turquie et l’escalade des menaces protectionnistes nuancent la solidité de la croissance mondiale »

 

L’été confirme la singularité de cette année. Malgré une croissance mondiale qui dépasse les 3% et une économie américaine qui caracole, des risques sont apparus et focalisent l’attention des investisseurs, principalement la forte baisse de la livre turque et la guerre commerciale qui s’intensifie entre la Chine et les Etats-Unis.

 

Malgré ses nombreux détracteurs, Donald Trump est peut être en train de réussir son pari d’accélération de la croissance américaine, qui était pourtant déjà soutenue à son arrivée au pouvoir. La consommation américaine évolue sur des niveaux élevés avec une croissance annuelle de 2,5%. La production industrielle a également accéléré, augmentant de plus de 4% en glissement annuel au mois de juillet. L’ensemble de ses indicateurs se traduisent par une croissance en rythme annuel de 4.2%, niveau que les Etats-Unis n’avaient pas connu depuis la crise. Cette accélération mènera-t-elle à une surchauffe ?

L’économie européenne a également surpris positivement (2,2% de croissance en rythme annuel contre 2,1% attendu), mais a besoin de confirmer sa compétitivité et sa capacité à attirer les flux d’investissements étrangers. En Chine les indicateurs économiques ont légèrement déçu, et la chute de 5% du renminbi chinois en un mois suscite quelques inquiétudes (non comparables à 2015).

Tandis que le cycle d’expansion économique mondial se prolonge, les banques centrales poursuivent prudemment la normalisation de leurs politiques monétaires respectives.

 

La Turquie est restée la principale cause de volatilité des marchés de l’été, du fait des inquiétudes sur la solidité de son économie et de son système bancaire. Les entreprises turques ont, en effet, largement emprunté en devises étrangères, et font face à un alourdissement de cette dette du fait de la dévaluation de leur monnaie. Le système bancaire est à risque par ricochet si les défauts d’entreprises augmentaient significativement. Dans ce contexte, le Président Recep Erdogan a tenu un discours agressif vis-à-vis des Etats-Unis sans faire d’annonces réelles susceptibles de stabiliser la lire turque à moyen terme. La décision du Qatar d’investir 15 G$ en Turquie ainsi que le rachat de certaines positions vendeuses après la forte correction de la lire turque ont permis une stabilisation de la devise.

 

            A la question turque s’ajoute l’escalade des menaces protectionnistes. Beaucoup d’éléments militent cependant pour que ce retour du protectionnisme demeure limité : la pression des entreprises américaines sur la Maison Blanche, la sensibilité de la bourse au protectionnisme couplée à la sensibilité de Donald Trump à la bourse américaine, ainsi que l’intérêt prononcé des Chinois à trouver un accord. Ce scénario optimiste dominant chez les investisseurs signifie qu’en cas de dérapage l’impact pourrait être significatif sur les marchés. Les élections de mi-mandat aux Etats-Unis (6 novembre) nous permettront d’y voir plus clair.

 

Le contexte actuel favorise donc l’attentisme des investisseurs. Ainsi, nous ne voyons pas, à ce stade, dans la fébrilité actuelle des marchés une opportunité d’achat mais une raison de transférer une partie du risque sur de la gestion alternative. De son côté, dans un contexte de resserrement des conditions de financement, le marché obligataire s’est globalement dégradé depuis le début d’année, notamment sur la dette émergente.